Le raku et ses subtils craquelés
Installée non loin de Dole, la céramiste Anne Thiellet explore toujours avec bonheur cette technique ancestrale liée à l’art du thé au Japon.
La vie n’est pas une poterie lisse. Anne Thiellet a emprunté diverses pistes avant de trouver sa voie et de devenir céramiste. « J’ai eu un camion de frites, une pension de chevaux, j’ai travaillé à l’usine de coussins d’Orchamps ». Jusqu’au jour où elle se retrouve au chômage. Elle se met alors à réfléchir à ce qui l’intéresserait vraiment. « Quand je voyais des potiers dans les expositions, ça me plaisait. On a tous un côté manuel chez moi. Cette maison, c’est nous qui l’avons refaite. Avant, il y avait des écuries ici et on a tout cassé pour faire l’atelier ». Installée à Saint-Seine-en-Bâche, non loin de Dole, elle dispose depuis d’un bel espace de travail à côté de sa maison.
« Comme je ne voulais plus retourner à l’usine, je me suis dit que c’était le moment où jamais de me former. J’ai suivi une formation de 9 mois à côté de Besançon ». C’est là qu’elle s’initie au raku. « C’est une technique de cuisson japonaise utilisée autrefois pour faire les bols de la cérémonie du thé ».
Des pièces modelées à la main
Anne Thiellet travaille la terre depuis une quinzaine d’années et son savoir-faire est désormais bien affirmé. Ses pièces sont modelées à la main et montées aux colombins : « Je fais beaucoup d’objets décoratifs, des boites surtout, mais aussi des bols, des vases et quelques coupes ».
Elle aime jouer avec la texture, imprimer des empreintes, protéger certaines parties de l’émail pour produire d’intéressants contrastes.
L’ouverture de ce vase évoque un cratère de volcan, sur celui-là, des stries noires rappellent les spores veloutées d’un champignon. La nature est décidément une belle source d’inspiration.
Tout en discutant, Anne Thiellet façonne une terre claire. « C’est du grès ». Mais qui pourrait imaginer que cette pièce plate va bientôt se transformer en statuette ?
Papoter sur du bois flotté
« Il y a quelques années, j’ai participé à un marché des potiers avec pour thème Les commères. J’avais un beau morceau de bois depuis un moment, j’ai fait deux groupes de trois petites bonnes femmes ». Les commères étaient assises comme sur un banc à colporter les cancans et c’est ainsi que ses personnages sont nés avec leur chapeau pointu et leurs lignes épurées.
Au fil du temps, d’autres figurines ont pris place sur des morceaux de bois flotté. « Je trouve le bois dans la nature, au lac de Vouglans, en Bretagne, ou le long de la Saône ». Elle sculpte le personnage sur le bois avant de passer à la cuisson. Chaque pièce est unique et le thème plaît au public. Anne Thiellet vend sa production au fil des marchés : « C’est un choix de vie, je ne fais pas cela pour rouler sur l’or ». Mais pour le bonheur de concevoir dans son atelier de nouvelles créations aux subtils craquelés.
Anne Thiellet, céramiste raku, 9 rue Berger à Saint-Seine-en-Bâche (entre Dole et Dijon)